
Cela fait près de deux ans que Simulation Theory est sorti, et près d’un an que sa tournée promotionnelle a pris fin. Si l’ambiance rétro et les références à la pop-culture des années 80 étaient visibles à travers la mise en scène live et les clips musicaux des titres de l’album, le film, sorti dans les salles obscures le 17 août, dernier donne enfin tout son sens à cet univers.
L’univers en question, imaginé en grande partie par Matthew Bellamy, est ambitieux. Et pour cause : le leader de Muse déclarait il y a quelques mois dans les colonnes du NME Magazine que le film Simulation Theory serait l’équivalent musien de The Wall (1982) de Pink Floyd. Le film Simulation Theory, lui, est mis en images par Lance Drake, à la fois réalisateur de l’ensemble des clips mais également du film.

Tourné lors des dates londoniennes à l’O2 Arena les 14 et 15 septembre 2019 pour les parties lives, celui-ci intègre également une importante dimension narrative au tout. L’ensemble s’étale sur 1h30 – générique compris – mais fait la part belle à la musique. Ce ne sont ainsi « que » six ou sept titres qui disparaissent de la setlist originale. Si l’ensemble reste évidemment scénarisé, ceux qui craignaient de n’assister qu’à un banal film de science-fiction agrémenté de quelques musiques éparses peuvent donc être rassurés.
La séquence scénarisée la plus longue dure environ quatre minutes : c’est celle qui ouvre le film. Un écran est posé sur le sol, connecté à de longs câbles sans fin, au milieu de nul part. Il fait noir, la musique – mix de violons et de sonorités plus électroniques et composée spécifiquement pour le film – est inquiétante : l’ambiance est sombre. L’écran se met à grésiller, puis un JT se lance. Son présentateur évoque des événements étranges émanant de Londres. L’ensemble fait indéniablement penser à la série Stranger Things.
Des scientifiques se rendent à la source d’énergie à l’origines de ceux-ci. Cette source se trouve au milieu de ce qui semble être une salle de concert, au bout de laquelle émerge…une console d’arcade. L’un des scientifiques, Murphy, se fait bobo en touchant à la console et semble se retrouver entouré de milliers de personnes, tandis que ses collègues ne voient rien…Une musique stridente se fait entendre, suivie du titrage. S’affiche ensuite la fameuse phrase « We are caged in simulations ». Les choses sérieuses peuvent commencer.

La version alternative d’Algorithm puis Pressure viennent ouvrir la partie concert. D’emblée, les choix artistiques sautent aux yeux : on alternera entre phases lives et purement scénarisées, chaque titre ayant le droit à ses petits ralentis (public en folie), effets lumineux (éclairs qui sortent de la guitare durant le solo de Though Contagion) et autres extraits de clips (le personnage de Matt qui arrive dans son beau bolide rouge au début de The Dark Side).
Le liens entres les différentes phases ne sont pas trop brusques, et toutes les scènes sont accompagnées de leur musique pendant les dialogues ou monologues pleins de mystères. C’est notamment l’occasion d’entendre des titres « à ambiance » tels que Prelude, Pray ou encore The Void (jouée seulement trois fois au court de la tournée entre février et octobre 2019).

Si le dernier album de Muse est évidemment mis à l’honneur avec neuf extraits présents sur la grosse quinzaine de titres du film, il est intéressant de noter qu’aucun ne fait office de remplissage. En effet, écouter attentivement les paroles de chacun permet de comprendre les messages et implications qu’il véhicule au sein d’un scénario qui – certes – ne casse pas trois pattes à un poulet, mais a le mérite de permettre de comprendre tous les choix artistiques faits par le groupe, notamment dans la mise en scène (bonjour à vous, les ghostbusters-like, scientifiques, ou encore zombies interprétés sur scène par les « Muse dancers »).
Au final, le tout est étonnamment prenant et cohérent à la fois, et fera même pardonner aux plus indulgents le raccourcissement du Metal Medley et l’absence totale de l’emblématique Knights Of Cydonia. Quant au scénario, enfin, il a volontairement été (très légèrement) survolé au cours de cette article pour deux raisons : soit vous avez eu la chance de voir le film et vous le connaissez donc déjà, soit vous ne l’avez pas encore vu et il serait alors dommage de vous gâcher la surprise. Sachez simplement qu’il est question de multi-réalités, de simulations, de manipulation et de grand méchant répondant au doux nom de « Truth Slayer ».

Arrivés au générique de fin, ne partez pas trop vite aux toilettes : vous pourrez ainsi profiter d’une musique qui reste dans la tête et d’un monologue encore une fois pas bien original, mais qui pourrait néanmoins vous faire réfléchir sur la société dans laquelle nous vivons.
Par Robin Stalin.
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